La Thaïlande et le Cambodge concluent une trêve
La Thaïlande et le Cambodge ont conclu samedi un cessez-le-feu immédiat dans leur conflit frontalier qui a fait en trois semaines au moins 47 morts et près d'un million de déplacés.
Dans une déclaration on conjointe signée par les ministres de la Défense des deux pays, les deux parties ont annoncé l'entrée en vigueur de la trêve samedi à 12H00 (05H00 GMT) et indiqué convenir "de permettre aux civils résidant dans les zones frontalières affectées de rentrer chez eux dans les plus brefs délais".
Le texte évoque par ailleurs le gel des positions militaires, le déminage des régions frontalières, une coopération policière pour lutter contre la cybercriminalité et la libération par Bangkok de 18 soldats cambodgiens après 72 heures de cessez-le-feu effectif.
"Les communautés et les migrants touchés doivent recevoir toute l’aide nécessaire pour rentrer chez eux en sécurité", a souligné le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Des centaines de milliers de personnes ont été évacuées de part et d'autre de la frontière contestée depuis la reprise des combats le 7 décembre.
"S'ils arrêtent de se battre dès maintenant, je serai très heureuse car les gens pourront rentrer chez eux", a dit à l'AFP Oeum Raksmey, une déplacée cambodgienne de 22 ans. "Mais je n'ose pas encore rentrer chez moi. J'ai toujours peur. Je ne fais pas confiance aux Thaïlandais".
Différend territorial ancien
"Ce cessez-le-feu constitue une porte vers une solution pacifique", a commenté le ministre thaïlandais de la Défense, Natthaphon Narkphanit, affirmant partager la "colère", la "douleur" et les "inquiétudes" de sa population.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a salué l'accord dans un communiqué et appelé les deux parties "à immédiatement respecter cet engagement".
L'Union européenne a appelé "les deux parties à l'appliquer de bonne foi".
La Chine a estimé que l'annonce d'un cessez-le-feu "démontre que le dialogue et les consultations sont un moyen réaliste et efficace de régler les différends complexes".
Selon les derniers bilans officiels respectifs, potentiellement sous-évalués, le conflit a fait 47 morts au cours des dernières semaines: 26 côté thaïlandais et 21 côté cambodgien.
Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est s'opposent de longue date sur le tracé de leur frontière de 800 kilomètres, hérité de la période coloniale française.
Ils s'accusent mutuellement d'avoir déclenché cette nouvelle escalade meurtrière, marquée par le déploiement d'avions de chasse, de drones, de tanks et de pièces d'artillerie.
Un premier épisode d'affrontements en juillet avait déjà fait 43 morts en cinq jours avant qu'une trêve ne soit convenue, grâce notamment à l'intervention de Donald Trump.
Un accord de cessez-le-feu avait été signé dans un deuxième temps, le 26 octobre à Kuala Lumpur, en présence du président américain, mais il avait été suspendu quelques semaines plus tard par la Thaïlande après que plusieurs de ses soldats avaient été blessés dans l'explosion d'une mine à la frontière.
Le différend n'est pas réglé
La Chine a également poussé pour mettre un terme au conflit. Les ministres thaïlandais et cambodgien des Affaires étrangères s'y rendront d'ailleurs dimanche et lundi, à Kunming, pour une réunion tripartite avec leur homologue chinois, Wang Yi, destinée à poursuivre leurs échanges.
Car la question de la démarcation de la frontière et de la souveraineté sur plusieurs temples anciens, dont celui de Preah Vihear, classé à l'Unesco, reste entière et interroge sur la pérennité du cessez-le-feu.
"Je ne pense pas que le cessez-le-feu aura vraiment lieu. On ne peut pas faire confiance aux Cambodgiens", a dit le chef d'un village thaïlandais proche de la frontière, Khampong Lueklarp, qui espère tout de même "pouvoir rentrer pour cultiver le manioc".
"Nous avons clairement montré que personne ne peut empiéter sur notre souveraineté. Nous n'avons perdu aucun centimètre carré de notre territoire et avons pu revendiquer ce qui devait nous revenir", a déclaré devant la presse le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul.
Des élections législatives doivent avoir lieu le 8 février en Thaïlande.
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