Etats-Unis: des licenciements de fonctionnaires ouvrent une deuxième semaine de blocage budgétaire

Donald Trump a assuré avoir mis à exécution sa menace de licencier des fonctionnaires à la suite du blocage budgétaire qui entre lundi dans sa deuxième semaine et risque de s'étendre dans la durée, vu les débats acerbes entre républicains et démocrates.
Chaque camp se retranche sur ses positions et se rejette la faute, depuis que les Etats-Unis sont entrés, mercredi, en situation de "shutdown", et le pays s'enfonce en attendant dans une paralysie aux conséquences bien plus que politiques.
Après avoir ces derniers jours gelé des projets d'infrastructures dans des Etats démocrates et menacé de supprimer des agences fédérales, le président américain a déclaré dimanche soir aux journalistes que son administration avait commencé à licencier définitivement - et pas seulement à mettre au chômage technique comme c'est habituellement le cas- des fonctionnaires.
"C'est en cours en ce moment même. Tout ça, c'est la faute des démocrates. Les démocrates sont responsables de la perte de nombreux emplois", a déclaré le président à la Maison Blanche, sans précision sur ces licenciements.
Les fonctionnaires fédéraux se trouvent au premier rang des personnes les plus touchées par le blocage. Même s'ils échappent à un licenciement, leur paie est différée jusqu'à ce qu'un budget soit adopté au Congrès, qu'ils aient été mis au chômage technique ou non.
Un manque à gagner conséquent pour ces plus de deux millions de fonctionnaires si la situation venait à durer.

"Il est bien possible que ce +shutdown+ se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours", estime Andrew Koneschusky, ancien conseiller du ténor démocrate Chuck Schumer.
"Les deux bords campent sur leurs positions et il est très peu question de compromis. Les choses peuvent toujours évoluer (...) mais pour l'heure, aucun des deux partis ne semble prêt à céder", explique à l'AFP ce spécialiste en communication de crise.
"Souffrance maximale"
D'un côté, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre, tandis que les démocrates insistent pour obtenir la prolongation de certains programmes d'assurance santé pour les plus démunis.
Scott Bessent, le secrétaire au Trésor de Donald Trump, a expliqué jeudi craindre "un coup au PIB, un coup à la croissance".

Outre l'impact sur les fonctionnaires, les Américains qui comptent prendre l'avion au cours des prochaines semaines pourraient aussi voir leur voyage perturbé en raison d'un manque d'agents de sécurité des transports ou de contrôleurs aériens, entraînant retards et annulations.
A son sixième jour lundi, le "shutdown" en cours est encore loin du record. Entre décembre 2018 et janvier 2019, déjà sous Donald Trump, le précédent blocage s'était étalé sur 35 jours.
Cependant, le président républicain applique aujourd'hui une stratégie de "souffrance maximale" envers l'opposition, selon les termes de certains observateurs.
"Tenir bon"
L'intransigeance du président républicain constitue une raison majeure de croire que le record de durée puisse tomber, explique James Druckman, professeur de sciences politiques à l'université de Rochester.
"L'administration Trump considère qu'elle dispose d'un mandat sans contrôle, et par conséquent ne se prête généralement pas au compromis", souligne-t-il auprès de l'AFP.
De leur côté, "les démocrates ont été critiqués pour ne pas s'être battus de manière suffisamment forte" contre Donald Trump, rappelle le professeur.

En mars dix sénateurs démocrates avaient voté à contrecoeur pour un texte républicain afin d'éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué la colère de nombreux militants et sympathisants démocrates, qui les accusaient de plier face au président.
En définitive, ce "compromis n'a produit aucun effet positif pour les démocrates", analyse James Druckman. Alors cette fois-ci, "ils sont plus enclins à tenir bon".
Malgré tout, les républicains espèrent bien faire céder suffisamment de sénateurs démocrates pour atteindre le seuil de 60 voix, synonyme de fin du blocage. Vendredi, leur texte n'en avait récolté que 54, dont trois de l'opposition.
Pour l'analyste financier Michael Ashley Schulman, l'issue pourrait provenir d'un rappel des élus à la réalité économique: "Si Wall Street commence à avoir la trouille, et que les taux obligataires bondissent, même les idéologues les plus fervents se trouveront soudainement une profonde conviction envers les solutions de consensus."
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