Sexe, drogues et vidéos, le procès P. Diddy dans le dur

Des orgies sous l'emprise de drogues, et leurs vidéos qu'il fallait garder confidentielles: la première semaine de débats au procès de P. Diddy a longuement exploré sa relation tumultueuse avec son ancienne campagne, la chanteuse Cassie, au cœur des accusations de trafic sexuel contre le magnat du hip-hop.
Casandra "Cassie" Ventura, qui a refait sa vie et attend son troisième enfant, a témoigné pendant quatre jours, enceinte de huit mois et demi. Elle a achevé son audition vendredi après-midi, visiblement fatiguée et émue après avoir dévoilé des pans entiers de sa vie intime, dont un viol dont elle accuse "Diddy" en 2018, alors qu'ils étaient séparés.
Mais la chanteuse de 38 ans a trouvé l'énergie pour assurer qu'elle "(rendrait)" à P. Diddy les 20 millions de dollars d'indemnités déjà touchées, après sa plainte au civil en 2023, s'il ne l'avait pas obligée pendant des années à avoir de longues relations sexuelles avec d'autres hommes rémunérés pour satisfaire ses désirs. Ces moments, que les protagonistes appelaient "freak-offs", sont au coeur des accusations d'exploitation sexuelle contre le rappeur et producteur de 55 ans, qui comparaît les cheveux blanchis après huit mois de détention.
"J'aurais eu de l'autonomie, et j'aurais eu plus de contrôle, et je n'aurais pas eu à travailler si dur pour récupérer" ces capacités, a ajouté Cassie, avant de sécher ses larmes.
"C'était avec lui (P. Diddy) que je voulais faire l'amour", a-t-elle insisté. Mais "j'étais inquiète pour ma sécurité" car le rappeur et producteur de hip-hop était violent avec elle. "J'étais inquiète pour ma carrière", car elle avait signé pour le label de P. Diddy, "et j'étais amoureuse de lui", a-t-elle aussi déclaré.
Durant son témoignage, elle a confié qu'"elle avait perdu l'envie de vivre" avant d'entamer une thérapie en 2023.
"Cette semaine a été extrêmement difficile, mais elle m'a aussi beaucoup renforcée et fait du bien", a ensuite déclaré la chanteuse, dans une déclaration lue par son avocat à l'extérieur du tribunal.
"Je vais te tuer"
Depuis jeudi, la défense s'est échinée à montrer un tout autre visage de Cassie, celui d'une femme qui consentait de son plein gré à des aventures échangistes, jusqu'à en planifier les détails, dans un contexte de forte addiction aux opioïdes, à la kétamine et à d'autres drogues. Selon cette version, P. Diddy et Cassie, couple star des tapis rouges, entretenaient une relation amoureuse et toxique, où tromperies, crises de jalousie et accès de violence étaient omniprésents de chaque côté.
L'avocate qui a mené le contre-interrogatoire, Anna Estevao, a cité plusieurs courriels et SMS à la tonalité torride et sexuellement explicites.
"Je vais te tuer et je vais te découper ! Je vais te tuer et je te tuerai encore !": les jurés ont aussi entendu dans des extraits d'une conversation enregistrée la voix enragée et menaçante de la chanteuse, qui s'en prend à un DJ soupçonné de détenir une vidéo de ces ébats sexuels.
Cassie n'a pas contesté. Pressée de questions, elle a aussi confirmé devoir toucher 10 millions de dollars d'indemnités d'un hôtel de Los Angeles où elle avait été violemment battue par P. Diddy en mars 2016, une scène captée par des caméras de vidéo surveillance et diffusée en 2024 par la chaîne CNN. On y voit P. Diddy la traîner au sol et lui porter plusieurs coups, puis lui arracher son téléphone des mains.
Tournant pour l'industrie
Au terme du procès, les jurés devront dire si l'artiste et producteur aux multiples Grammys a mis depuis au moins 2004 sa notoriété, sa richesse et son influence redoutée dans le milieu du hip-hop au service d'un trafic sexuel.
Il est accusé d'avoir forcé plusieurs femmes à se livrer à ces marathons sexuels avec des hommes prostitués. Selon l'accusation, les employés de P. Diddy se chargeaient de livrer des drogues aux victimes pour qu'elles se soumettent, et se chargeaient de les faire taire.
P. Diddy, aussi appelé Diddy, ou Puff Daddy, a fait fortune dans la musique, la mode et l'industrie de l'alcool, jusqu'à détenir un patrimoine évalué par Forbes à plus de 700 millions de dollars. Assumant son côté bling-bling, il était connu pour organiser des fêtes somptueuses qui attiraient le gratin du show-biz.
Son procès est vu comme un tournant pour l'industrie de la musique, encore largement épargnée par la vague #MeToo.
L'artiste est désormais visé par plusieurs dizaines de plaintes au civil pour violences sexuelles.
Il est jugé pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle. Il risque la prison à vie.
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