Glucksmann en déplacement à Grenoble après avoir provoqué le doute dans son camp
Peu présent dans le débat national ces dernières semaines, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann, considéré comme un potentiel candidat à la présidentielle, tente de reprendre la main et de dissiper le doute après une intervention sur LCI jugée peu convaincante dans son camp.
En déplacement vendredi à Grenoble notamment sur le site du groupe chimique en difficulté Vencorex et pour soutenir le candidat de Place publique aux municipales, l'eurodéputé, qui continue d'entretenir le suspense sur une candidature pour 2027, doit s'exprimer dans la soirée.
Mercredi soir, il a répondu à un panel de Français dans l'émission La Grande confrontation sur LCI, avant un débat avec le président du parti Reconquête, Eric Zemmour.
Mais l'eurodéputé, que certains sondages placent aux portes du second tour de la présidentielle, a semblé avoir du mal à présenter des propositions concrètes face à ses interlocuteurs, qui l'ont notamment interrogé sur le voile dans l'espace public, les retraites, la délinquance des mineurs ou l'usage des néonicotinoïdes dans la culture des noisettes.
"On le disait éloigné des Français, inaccessible, il s'est montré au contraire à l'écoute et au combat face aux idéologues d'extrême droite", rétorque son entourage. "Peu à gauche auraient fait un meilleur débat".
Il a rappelé "les principes de la neutralité de l'Etat", affirmé que la France avait "besoin d'immigration mais aussi de contrôle", ou encore défendu un fonds de compensation pour les agriculteurs touchés par l'interdiction de certains pesticides, insiste un autre proche.
Mais "c'était pas du tout au niveau, il balbutiait, c'était pas clair", rétorque un député PS, tandis qu'un autre évoque "un naufrage". "C'est la difficulté à laquelle il va être confrontée. A un moment il faut se confronter au réel", abonde un responsable socialiste, alors que l'eurodéputé est souvent accusé par ses détracteurs d'être déconnecté de la société.
D'autres cadres socialistes relativisent: "Il y a eu des insuffisances, mais je ne sais si elles sont propres à Glucksmann ou à l'ensemble de la gauche", remarque un partisan du patron du PS Olivier Faure, tout en concédant qu'il n'"a pas donné l'image de quelqu'un qui sera chef de l'Etat dans un an et demi".
Aucune mansuétude du côté des Insoumis, qui ont fait de Raphaël Glucksmann leur principal opposant à gauche, dans le cadre d'un duel qu'ils anticipent avec leur leader Jean-Luc Mélenchon. "Vide, consternant et finalement insignifiant", a jugé laconiquement le député Paul Vannier.
Celui qui se positionne sur le créneau de la social-démocratie pro-européenne et anti-France insoumise a présenté en juin dernier une ébauche de son projet "pour la France", avant une version définitive promise pour juin 2026. Et il continue de se déplacer sur le terrain à bas bruit.
Pas "le feu sacré"
Mais il n'a, à ce stade, jamais affirmé qu'il sera candidat. Mercredi soir, il a une nouvelle fois botté en touche: "C'est pas du tout le moment" de se déclarer, a-t-il affirmé, expliquant que la gauche avait "souffert de ne pas avoir produit une vision" et que son projet n'était "pas encore abouti".
Certains s'interrogent sur sa réelle envie de se lancer dans la course à l'Elysée. "Je ne pense pas qu'il ait le feu sacré", résume un responsable de gauche.
De son côté, une macroniste rappelle qu'il n'a "pas pris le leadership" à gauche, au soir de la dissolution, alors qu'il était arrivé en tête des européennes. "C'est un type sympa, brillant mais profondément pas un homme politique, il en a fait la démonstration ce jour-là".
Raphaël Glucksmann se voit aussi reprocher par une partie de la gauche de ne pas vouloir participer à la primaire que préparent les "unitaires", du PS aux Ecologistes, pour 2027.
L'eurodéputé est persuadé de pouvoir s'imposer à gauche en incarnant le vote utile.
Il s'est même affiché dimanche dernier avec l'ancien président François Hollande et l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, sur une ligne clairement opposée à toute primaire.
De quoi déconcerter ce cadre socialiste: "Il y a une illusion chez Raphaël qui est de penser que les 11% qu'il a (dans les sondages, nldr) c'est un socle. C'est une bulle".
Et de théoriser que, sans primaire, "il y aura au minimum quatre candidats, voire plus", ce qui éliminera une nouvelle fois la gauche du second tour.
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