Jean-Louis Borloo, excentrique centriste et éternel candidat à Matignon

Excentrique, volubile, bouillonnant, quitte à en faire trop pour certains, le centriste Jean-Louis Borloo, dont le nom circule pour Matignon, se targue de vastes réseaux dans la société civile, au-delà d'un monde politique auquel il est resté ultra-connecté.
Qualifié d'"éternel revenant" par un cadre de la macronie, le fondateur de l'UDI n'incarne pas exactement le renouveau, à 74 ans. Soit le même âge que deux récents locataires de Matignon, Michel Barnier (LR) et François Bayrou (MoDem).
Mais dans un moment de crise politique où les positions semblent irréconciliables, son profil séduit certains.
"Il peut faire un espèce de grand écart centriste", ce n'est "pas un fou de la dépense publique, mais social quand même", juge-t-on dans l'entourage du patron des Républicains Bruno Retailleau, qui l'a lui-même qualifié de "disruptif".
"Chiche !", a pour sa part répondu le patron des sénateurs PS Patrick Kanner, interrogé sur la rumeur d'une nomination de Jean-Louis Borloo. Avant de temporiser, parlant d'une "boutade".
Après une première carrière d'avocat d'affaires, le liant notamment à Bernard Tapie, Jean-Louis Borloo a été ministre de la Ville puis de l'Emploi sous Jacques Chirac, avant d'être ministre de l'Ecologie sous Nicolas Sarkozy. Son nom émerge déjà pour remplacer à Matignon François Fillon, en 2010, sans lendemain.
En avril 2014, il avait annoncé son retrait de la vie politique, disant n'avoir plus "l'énergie nécessaire" après avoir été hospitalisé pour une pneumonie aiguë, suivie de complications. Il livre alors, selon un proche, "le combat de sa vie".
Mais l'homme est aujourd'hui de nouveau hyperactif.
"Je ressors un peu de ma tanière parce que j'ai le sentiment qu'on ne prend pas la mesure de la situation", a lancé la semaine dernière sur Sud Radio celui qui multiplie les contacts, notamment avec les responsables syndicaux, et dit vouloir "tout débloquer".
"Je suis le tiers de confiance pour fédérer les patrons -les petits, les moyens, les grands- tous les syndicats, réformistes, pas réformistes, les collectivités locales, quelle que soit la sensibilité des dirigeants", a-t-il ajouté, vendant ouvertement son profil rassembleur.
"Deux mâles blancs"
Emmanuel Macron pourrait-il se laisser convaincre, alors même que leurs relations ont été ouvertement tendues ? Missionné par le président sur les banlieues en 2018, Jean-Louis Borloo s'investit à fond.
Mais son rapport est enterré, avec une humiliante formule de la part du chef de l'Etat: "Deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers" et s'échangeant un rapport, "cela ne marche plus comme ça", assène-t-il.
Ancien maire de Valenciennes après avoir repris avec succès le club de football de la ville en 1987, Jean-Louis Borloo avait fait de la cité nordiste, sinistrée par la crise sidérurgique, le laboratoire de sa méthode de rénovation urbaine et de redressement économique et social.
En tant que ministre, il donnera corps à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
Et lance plus tard une initiative en faveur de l'électrification du continent africain.
Jean-Louis Borloo "fait partie des gens qui savent donner une vision, une espérance et raconter une histoire", loue une proche de son camp.

Mais son style décontracté et sans filtre, tout comme son côté bon vivant, lui ont parfois valu railleries, voire discrédit. "Incontrôlable", soupire un responsable socialiste.
"A mes yeux, c'est une blague", lâche un autre centriste alors que le nom de Jean-Louis Borloo circule déjà il y a un an pour succéder à Gabriel Attal.
France fédérale
Son nouveau combat ? La décentralisation. En plaidant pour un Etat fédéral, et que soit redonné aux "provinces" la responsabilité du logement, de l'éducation, de la santé ou encore des politiques sociales.

Selon lui, la France souffre d'être un pays "émietté" où "tout le monde fait tout", entre les régions, les départements, les communes, les organismes publics et paritaires...
"On n'a pas un problème de gouvernement, on a un problème de gouvernance de la Nation", affirme-t-il début septembre sur BFM TV, alors que François Bayrou est déjà en sursis à Matignon.
Il s'était alors décrit comme un "brave retraité" et niait, comme aujourd'hui, être candidat au poste.
Mais un proche promet: il est là pour "renverser la table. Il n’arrive pas pour les rustines sur le budget".
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