Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Dans les quartiers Nord de Marseille, des mères renouent avec la mer

| AFP | 250 | 1 par 1 internautes
Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association
Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association "Le Grand Bleu" dans une piscine d'eau de mer près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

A Marseille, Karima Kouider côtoyait la Méditerranée sans oser s'y baigner.

Une appréhension qu'elle surmonte progressivement avec les cours de natation dispensés par une association des quartiers Nord. Un moyen pour cette maman de "protéger ses minots" et s'amuser.

"Mon fils s'est déjà noyé une fois (la noyade n'est pas forcément mortelle, NDLR), je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne à nager pour pouvoir le sauver", confie la mère de cinq enfants.

Ce jour-là, Karima, 49 ans, participe avec onze autres femmes à son cours hebdomadaire de natation dans une piscine d'eau de mer à l'Estaque, un quartier du nord de la cité phocéenne.

Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association
Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association "Le Grand Bleu" dans une piscine d'eau de mer près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

Ce stage gratuit est proposé par l'association Le Grand Bleu, créée en 2000, avec pour objectif "d'aider les Marseillais à se réapproprier la mer".

"On se dit qu'avec ses 57 kilomètres de façade maritime tous les Marseillais doivent savoir nager. Mais ce n'est pas le cas", constate son fondateur Brahim Timricht.

Car si en France un enfant sur deux en moyenne ne sait pas nager, le ratio grimpe à trois sur quatre à Marseille.

Et l'écart se creuse encore un peu plus dans les quartiers défavorisés de la deuxième ville de France, en déficit d'équipements publics avec six piscines municipales seulement ouvertes actuellement, selon le site web de la mairie.

Mais apprendre à nager est un enjeu de santé publique. Avec 702 noyades dont 193 mortelles du 1er juin au 23 juillet 2025, soit +45% sur un an, la France connaît un été funeste.

Brahim Timricht, responsable de l'association
Brahim Timricht, responsable de l'association "Le Grand Bleu", lors d'un cours de natation proposé aux mères des quartiers Nord de Marseille, dans une piscine d'eau de mer, près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

Parmi les victimes, 27 enfants et adolescents (15 en 2024) sont décédés. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur dénombre le plus grand nombre de noyades, 174, dont 18 mortelles.

"Savoir nager, c'est savoir se sauver", souligne le responsable du Grand Bleu.

Au départ de l'association, les cours étaient destinés aux enfants et adolescents puis est venu "le tour de leurs mamans", en 2020. "Ce sont des cours ouverts à tous les adultes mais aucun papa ne vient", constate Brahim Timricht.

"La peur est derrière moi"

Avec ce nouveau public, les instructeurs ont dû réajuster les exercices.

Des mères des quartiers Nord de Marseille écoutent un maître-nageur lors d'un cours de natation dispensé par l'association
Des mères des quartiers Nord de Marseille écoutent un maître-nageur lors d'un cours de natation dispensé par l'association "Le Grand Bleu" dans une piscine d'eau de mer près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

"Un enfant a confiance en l'adulte mais elles (les mamans) vont devoir acquérir petit à petit la confiance du maître-nageur", explique Lucas Foehrle, un des encadrants.

"Bien souvent, ces femmes ont des appréhensions liées au passé, des histoires à chaque fois avec l'eau et donc on va devoir les accompagner, leur faire apprécier le milieu et l'effort physique", ajoute le maître-nageur.

Il a fallu aussi franchir quelques obstacles avant que les mamans et jeunes femmes des quartiers populaires puissent s'épanouir dans la pratique d'activités nautiques. La barrière du maillot de bain, la garde d'enfant et l'accès au bord de mer depuis ces quartiers mal desservis sont autant de freins.

Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association
Des mères des quartiers Nord de Marseille participent à un cours de natation dispensé par l'association "Le Grand Bleu" dans une piscine d'eau de mer près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

A Marseille, la fracture territoriale influe aussi sur l'apprentissage de la natation.

Dans le Sud, où se concentrent les quartiers résidentiels aisés et le littoral attractif, "les adultes et enfants savent mieux nager", affirme le directeur du Grand Bleu.

"Quand on a des maisons avec des piscines, on peut se payer des cours particuliers, dans le Nord, non, ce sont des barres d'immeubles", observe l'éducateur sportif. "On est là pour réduire ces inégalités".

A 64 ans, Malika Medibouri vient "tout juste d'apprendre à nager". "L'argent est une barrière, le loisir passe en second plan", reconnaît la retraitée. "C'est le bonheur d'apprendre à nager, on se sent libre", déclare la Marseillaise au sourire lumineux.

Comme elle, Nadia Hamada, 60 ans, qui entame son deuxième été consécutif d'apprentissage, n'hésite plus à plonger dans le grand bassin de la base nautique de Corbière qui s'ouvre sur la mer Méditerranée. Son amie tâtonne encore sur le rebord.

Nadia Hamada et son amie Zaina Moussahaziri participent à un cours de natation proposé aux mères des quartiers Nord de Marseille par l'association
Nadia Hamada et son amie Zaina Moussahaziri participent à un cours de natation proposé aux mères des quartiers Nord de Marseille par l'association "Le Grand Bleu" dans une piscine d'eau de mer près du port de l'Estaque, le 11 août 2025 ( Miguel MEDINA / AFP )

"Ça fait du bien de nager. Liberté totale !", se délecte cette mère de six enfants, originaire de Frais-Vallon, un quartier de grands ensembles du 13e arrondissement dans le Nord-Est de Marseille.

"Si tu sais nager, tu as confiance. Tu es sûre que tu vas au fond (loin du bord). Tu es sûre que tu vas y arriver tout seule. Mais si tu ne sais pas nager, il y a toujours la peur. Et aujourd'hui la peur est derrière moi", se réjouit Nadia Hamada qui pratique désormais le kayak et le paddle en mer.

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
1 avis
Note moyenne : 1
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 25/08/2025

Le CAC40 cash a clôturé la séance en hausse de 0,40% à 7.969,69 points dans un volume de 2,422 MD€ et de 0,58% sur la semaine.

Publié le 25/08/2025

Sur le plan statistique : Royaume-Uni : Marchés fermés en raison d’un jour férié, Summer Bank Holiday Allemagne : 10h00 Indice IFO du climat des affaires du mois d'août,…

Publié le 25/08/2025

La Bourse de Paris a terminé la semaine sur une note positive et est revenue au contact des 8.000 points alors que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a évoqué…

Publié le 25/08/2025

Logé à la dernière place de l'indice SBF 120, Valneva dégringole de 22,30% à 3,92 euros. Le spécialiste des vaccins est sous pression après que l’agence de santé américaine Food and Drug…

Publié le 25/08/2025

Comme nous l'avions anticipé, KERING a profité d'un bel élan haussier depuis notre conseil. Nous conseillons donc d'encaisser dès maintenant la plus-value sur le turbo call…