Léon XIV salue le journalisme des agences de presse, un "rempart" à l'ère de l'IA

Le pape Léon XIV a salué jeudi le travail "précieux" des agences de presse, y voyant un "rempart" face "aux sables mouvants de l'approximation et de la post-vérité", à l'heure où l'intelligence artificielle (IA) accentue encore la prolifération de fausses informations.
"Le monde a besoin d'informations libres, rigoureuses et objectives", a lancé le premier pape américain de l'Histoire lors d'une audience au Vatican devant les membres de la conférence Minds International, une association regroupant les principales agences de presse mondiales, dont l'AFP.
"Grâce à votre travail patient et rigoureux, vous pouvez constituer un rempart contre ceux qui, par l'art ancestral du mensonge, cherchent à créer des conflits pour régner en divisant - un rempart de la civilisation contre les sables mouvants de l'approximation et de la post-vérité", a-t-il ajouté.
"Les algorithmes génèrent du contenu et des données à une échelle et à une vitesse jamais vues auparavant. Mais qui les gouverne?", s'est par ailleurs interrogé le chef spirituel des 1,4 milliard de catholiques.
Dans un contexte où l'IA contribue à fragiliser la confiance de l'opinion publique envers les médias traditionnels, Léon XIV a appelé à la vigilance "afin que l'information et les algorithmes qui la gouvernent aujourd'hui ne soient pas entre les mains de quelques-uns".
Un nombre croissant de personnes délaissent les médias classiques pour s'informer sur les réseaux sociaux mais plusieurs grandes plateformes en ligne - dont Meta et X -, ont réduit la voilure ces derniers mois sur leurs outils de vérification des contenus.
Contenus nocifs
Le patron de Meta (Facebook, Instagram...) Mark Zuckerberg, qui avait investi des milliards de dollars ces dernières années pour contrôler les contenus sensibles, a annoncé en janvier mettre fin à son programme de vérification des faits par des journalistes aux Etats-Unis, auquel participait l'AFP.

Depuis, le volume de contenus nocifs, y compris haineux, a augmenté sur ses plateformes aux Etats-Unis, selon une enquête publiée en juin par des organisations de défense des droits numériques et humains.
L'AFP continue de participer dans plus de 26 langues au programme de fact-checking développé par Facebook, notamment en Asie, en Amérique latine et dans l'Union européenne.
Selon Robert Francis Prevost, lui-même objet de "deep fakes" avec de fausses vidéos sur les réseaux sociaux le montrant prononcer des discours inventés à l'aide de l'IA, le "service précieux" des agences de presse "doit servir d'antidote à la prolifération d'informations +poubelle+".
Le pape a posé "en des termes très clairs (...) les enjeux de gouvernance des algorithmes, qui constituent l'un des dangers majeurs pour la diffusion des contenus de presse et l'accès à l'information des citoyennes et des citoyens", a réagi dans un communiqué Reporters sans frontières (RSF).
"Le journalisme n'est pas un crime et la libre diffusion du travail journalistique ne devrait subir aucune entrave de la part des grandes plateformes", a ajouté l'ONG.
Agé de 70 ans, Léon XIV a aussi réitéré jeudi son appel, lancé peu après son élection en mai, à la libération des journalistes "injustement persécutés et emprisonnés pour avoir tenté de faire leur travail d'information".
"Être journaliste ne peut jamais être considéré comme un crime, mais comme un droit à protéger", a-t-il dit en appelant à ne pas oublier les reporters tués en mission, "victimes de l'idéologie de la guerre".
"Si nous savons aujourd’hui ce qui s'est passé à Gaza, en Ukraine et dans tous les autres pays ensanglantés par les bombes, c'est en grande partie grâce à eux", a-t-il insisté dans son discours applaudi par les représentants des agences.
Selon le Comité pour la protection des journalistes et RSF, environ 200 journalistes ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, tandis que 22 journalistes ont péri en Ukraine depuis l'invasion de la Russie en février 2022.
Depuis son élection en mai, le successeur du pape François a alerté à plusieurs reprises sur les "défis" posés par le développement de l'IA: la considérant comme un outil et non une fin, il appelle à des cadres juridiques centrés sur la dignité humaine.
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