Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Dans un bunker, l'Allemagne cache son trésor de terres rares

| AFP | 394 | Aucun vote sur cette news
Matthias Rueth, président et fondateur de Tradium, dans le centre de stockage à Francfort, le 4 novembre 2025
Matthias Rueth, président et fondateur de Tradium, dans le centre de stockage à Francfort, le 4 novembre 2025 ( Kirill KUDRYAVTSEV / AFP )

Dans un ancien bunker, une porte blindée de plus de 4 tonnes protège la plus grande réserve allemande de terres rares, un trésor stratégique face aux restrictions de la Chine, principal producteur mondial.

Par souci de sécurité, l'adresse du site, à l'est de Francfort, reste confidentielle. Et l'espace est bien sûr sous vidéosurveillance étroite.

La PME allemande Tradium, experte du négoce de ces matériaux, y stocke des milliers de fûts de dysprosium, terbium et autre néodyme, des matières indispensables à nos smartphones, voitures électriques et éoliennes. Presque toutes les étiquettes affichent une même origine : la Chine.

En pleine guerre commerciale avec Washington, Pékin a imposé début avril des restrictions sur ses exportations, en imposant une licence aux conditions drastiques. Or Pékin contrôle, plus de 60% de l'extraction minière et 92% de la production raffinée à l'échelle mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie.

Cela concerne notamment les aimants aux terres rares indispensables au secteur automobile, et dont l'Allemagne, géant mondial, a donc cruellement besoin.

Les industriels européens se retrouvent dans une situation délicate.

"La nervosité monte chez nos clients" du monde entier, explique à l'AFP Matthias Rüth, président et fondateur de Tradium qui compte moins de 40 salariés pour un chiffre d'affaires devant culminer à 300 millions d'euros cette année.

Pour un industriel, "cela peut aller jusqu'à l'arrêt complet de la production, c'est évidemment dramatique".

Les exportateurs chinois ne sont "pas non plus vraiment contents", mais "leurs mains sont liées" par la décision du pouvoir chinois , ajoute le patron.

Comme la Chine jouit d'un quasi-monopole de ces terres rares, "il manque des matières premières, les prix explosent, et personne ne sait vraiment comment la situation va évoluer".

Pékin verrouille -

La dépendance aux terres rares chinoises remonte à plusieurs décennies. Selon M. Rüth, les autorités chinoises relevaient déjà dans les années 1990: "le Moyen-Orient a le pétrole, nous avons les terres rares".

Des bocaux contenant du Palladium et du Terbium dans le centre de stockage de Tradium à Francfort, le 4 novembre 2025
Des bocaux contenant du Palladium et du Terbium dans le centre de stockage de Tradium à Francfort, le 4 novembre 2025 ( Kirill KUDRYAVTSEV / AFP )

L'Europe n'a elle jamais créé sa propre industrie minière, préférant acheter "à moindre coût auprès de pays aux normes environnementales plus faibles", explique à l'AFP Martin Erdmann, de l'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR).

Et les États-Unis, leaders mondiaux encore dans les années 1990, ont "abandonné la production pour des raisons de coût et d'environnement, laissant la Chine dominer le marché".

Si Donald Trump et Xi Jinping se seraient entendus fin octobre pour suspendre des restrictions aux exportations, dont certaines liées aux terres rares, et que le président américain affirme que cela valait pour le monde entier, la réalité est bien moins claire.

Ainsi, "les restrictions d'avril restent" en place, Pékin exigeant toujours "des licences obligatoires, qui passent par la divulgation de secrets industriels et la preuve que le matériau n'ira pas (aux industries de la) défense", souligne M.Erdmann. Peu d'entreprises européennes peuvent accepter ces conditions.

- Objectif 2030

Il y a une quinzaine d'années, le Japon était dans une crise similaire, dictée aussi par son voisin chinois. En réponse, il a développé des chaînes d'approvisionnement alternatives, en Australie notamment, et constitué des stocks stratégiques.

Pour l'Europe, "il est crucial de tirer les mêmes leçons et d'investir massivement", selon M. Erdmann.

Un employé dans le centre de stockage de Tradium, à Francfort, le 4 novembre 2025
Un employé dans le centre de stockage de Tradium, à Francfort, le 4 novembre 2025 ( Kirill KUDRYAVTSEV / AFP )

L'Europe a adopté en 2024 une législation pour sécuriser ses approvisionnements : d'ici 2030, elle devra produire au moins 10 % de l'extraction, 40 % de la transformation et 25 % du recyclage de 17 matières premières stratégiques.

Mais sa mise en œuvre s'annonce compliquée, le marché des terres rares restant prisonnier des "très bas prix, probablement maintenus (à dessein à ce niveau) par la Chine", qui "empêchent toute exploitation rentable" hors de l'Empire du Milieu, selon M. Erdmann.

L'EU a décidé l'accélération des procédures d'autorisation pour l'exploitation de terres rares sur le Continent, mais cela ne les rendra "pas encore économiquement viables", explique l'expert.

"Notre vie moderne dépend entièrement de ces matières", mais trouver une alternative quand elles viennent à manquer "est très difficile", abonde M.Rüth.

Et de conclure un rien désabusé : "de mon point de vue, il est déjà trop tard".

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 12/11/2025

Trader sur le parquet du New York Stock Exchange (NYSE) le 7 novembre 2025 ( SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives )Les marchés mondiaux saluent mercredi, en alignant des…

Publié le 12/11/2025

Le président Emmanuel Macron à Toulouse, le 12 novembre 2025 ( Guillaume HORCAJUELO / POOL/AFP )Au milieu d'un cercle de quelque 300 personnes, le président Emmanuel Macron est venu mercredi à…

Publié le 12/11/2025

Un implant Wimagine de CEA pour aider les patients atteints de lésions de la moelle épinière à remarcher, est présenté au Consumer Electronics Show (CES), le 7 janvier 2024 à Las Vegas,…

Publié le 06/11/2025

Photo d'archive non datée du capitaine Alfred Dreyfus en uniforme, prise dans un endroit inconnu après sa réhabilitation ( - / AFP/Archives )Un acte de "réparation" et de "reconnaissance": le…

À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 13/11/2025

La Bourse de Paris a inscrit un nouveau sommet historique à 8.280,97, portée notamment par les valeurs financières (BNP Paribas +2,58% à 69,29 et Société Générale +3,07% à…

Publié le 13/11/2025

La Bourse de New York a clôturé en ordre dispersé mercredi, les investisseurs délaissant les valeurs technologiques au profit de titres plus traditionnels, dans un contexte de déblocage…

Publié le 13/11/2025

Ce matin, Tokyo gagne 0,44%, Shanghai 0,73% et Hong Kong 0,22% 

Publié le 13/11/2025

Le nombre de chômeurs en France (hors Mayotte) au sens du Bureau international du travail (BIT) a augmenté de 44 000 unités au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, à 2,4…

Publié le 13/11/2025

Vente-unique.com a vu ses revenus croître de 14,7%, à 52,872 millions d’euros, au quatrième trimestre de l’exercice 2024-2025. Sur la période, le volume d’affaires global a bondi de 23%, à…