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Réseaux sociaux et effet de groupe aux racines du fléau des couteaux chez les jeunes

| AFP | 113 | Aucun vote sur cette news
Une élève apporte des fleurs à Nantes, le 25 avril 2025, au lendemain d'une attaque au couteau dans un établissement scolaire qui a fait un mort et trois blessés
Une élève apporte des fleurs à Nantes, le 25 avril 2025, au lendemain d'une attaque au couteau dans un établissement scolaire qui a fait un mort et trois blessés ( Loic VENANCE / AFP/Archives )

Après une série de meurtres à l'arme blanche par des adolescents ces derniers mois, aux abords ou dans des établissements scolaires, jeunes, éducateurs et psychiatres dénoncent une banalisation de la violence et une facilité d'accès aux armes, notamment sur les réseaux sociaux.

Dans un rapport remis au Premier ministre, la vice-présidente de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou constate que depuis 2016, "20% des mis en cause porteurs d'une arme sont des mineurs", avec 3.000 jeunes par an interpellés en possession d'une arme blanche.

En février, le gouvernement a constaté que les signalements d'armes blanches dans les établissements scolaires avaient bondi de 15% sur un an.

Pour lutter contre ce fléau, il a demandé la mise en place d'un "protocole" de détection des problèmes de santé mentale dans tous les établissements scolaires à partir de cette rentrée, sans débloquer toutefois de nouveaux moyens.

Depuis plusieurs mois, la police mène des fouilles aléatoires de sacs devant les collèges ou lycées. C'est lors de l'une d'elles qu'un adolescent de 14 ans a tué une surveillante en juin.

"Effet de groupe"

Pour Naël, 16 ans c'est souvent en ligne que les problèmes commencent. "Deux quartiers vont s'affronter et se lancer des piques sur YouTube". Puis s'ils se rencontrent dans la vraie vie, "un tel va se faire taper", appeler ses amis, "après, ça dégénère", explique-t-il à l'AFP.

Pour lui, avoir un couteau résulte aussi d'un "effet de groupe": "c'est pour montrer que tu en as un", remarque l'adolescent de Vitry-sur-Seine, évoquant une culture viriliste.

En quelques clics sur TikTok ou autre réseau social, on a accès à des boutiques en ligne de lames létales sans vérification d'âge, pour quelques dizaines d'euros
En quelques clics sur TikTok ou autre réseau social, on a accès à des boutiques en ligne de lames létales sans vérification d'âge, pour quelques dizaines d'euros ( Antonin UTZ / AFP/Archives )

D'autant que se procurer une lame est devenu très facile: en quelques clics sur TikTok ou autre réseau social, on a accès à des boutiques en ligne de lames létales sans vérification d'âge, pour quelques dizaines d'euros.

"Il y a aussi les gazeuses, les marteaux, les tasers...", énumère Naël, en marge d'un match de football organisé par des associations anti-rixes.

L'adolescent a été touché personnellement par le phénomène quand son cousin de 22 ans a été "planté à la main" (poignardé) "à Orly, pendant une rixe".

Les adolescents justifient le port du couteau parce qu'ils se sentent menacés, expliquent les observateurs (parents, enseignants, etc).

Un cercle vicieux selon Almamy Kanouté, un éducateur qui tente d'apprendre aux jeunes qu'il y a "d'autres moyens de se défendre".

Boro Doucouré, de l'association anti-rixes Restart Up, attribue le phénomène à plusieurs facteurs: des parents dépassés mais aussi l'influence de courants du rap comme "la drill, une musique où on est dans la poésie du couteau".

"Certains parents donnent un portable à leurs enfants pour qu'ils ne s'ennuient pas, et après les jeunes se perdent sur les réseaux sociaux, "dans des images, de la violence" qui "finissent par être banalisées dans leur subconscient", ajoute-t-il.

"Tuer devient banal"

Le psychiatre Xavier Pommereau épingle aussi "le numérique, les jeux vidéo extrêmement violents, le rapport au réel et l'imaginaire complètement fondus" donnant l'impression que "tuer l'autre devient quelque chose de banal".

La vice-présidente de l'Assemblée nationale, Naïma Moutchou, le 8 juillet 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris
La vice-présidente de l'Assemblée nationale, Naïma Moutchou, le 8 juillet 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris ( Guillaume BAPTISTE / AFP/Archives )

Un avis partagé par son confrère Serge Hefez, qui dénonce la perte du sentiment d'empathie.

Il attribue "l'exacerbation de la violence chez les jeunes à des tensions sur l'ensemble de la société, à l'angoisse de l'avenir".

"Tout leur laisse à penser qu'ils vont plutôt moins bien vivre que la génération précédente", relève-t-il auprès de l'AFP.

La France est loin d'être le seul pays concerné. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer a dénoncé une "crise nationale" sur fond de hausse des agressions à l'arme blanche impliquant des mineurs.

"Il y a urgence à faire un vrai travail de prévention par rapport aux écrans" pour que les jeunes soient "moins livrés à eux-mêmes face à des contenus de plus en plus violents", estime Serge Hefez.

"Il faut aussi davantage ouvrir l'école à la société civile, aux associations", conclut-il.

Sa consoeur Rachel Bocher parle de problèmes "multifactoriels" et appelle à des efforts "interministériels": "de la justice, de l'éducation, de la santé...", détaille-t-elle.

Le président Emmanuel Macron a dit vouloir interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

Missionnée par le chef du gouvernement après la mort fin avril d'une lycéenne poignardée par un autre élève à Nantes, Naïma Moutchou recommande notamment de généraliser la vidéosurveillance dans les établissements scolaires, et bannir la vente de certains couteaux "extrêmement dangereux".

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