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Némésis, Eros... Quand l'extrême droite s'invite dans des combats emblématiques de la gauche

| AFP | 243 | Aucun vote sur cette news
Echauffourées entre des membres du collectif d'extrême droite Nemesis et des sympathisant du Nouveau front populaire à Paris le 27 juin 2024
Echauffourées entre des membres du collectif d'extrême droite Nemesis et des sympathisant du Nouveau front populaire à Paris le 27 juin 2024 ( Zakaria ABDELKAFI / AFP )

Après le 8-Mars, la Marche des fiertés: des collectifs d'extrême droite s'invitent dans les cortèges de grandes manifestations pour les droits des femmes ou des personnes LGBT+ malgré l'opposition des organisateurs. Une stratégie "parasitaire" qui vise à escamoter les revendications progressistes, selon des spécialistes.

"On est en plein dans l'+agit-prop+, l'agitation propagande: l'objectif est de faire beaucoup de bruit avec peu de moyens", relève pour l'AFP Tristan Boursier, chercheur associé au centre de recherches politiques (Cevipof).

"Aller dans ces manifestations, les parasiter et se faire refouler ou se faire mal accueillir, c'est ce que recherchent ces groupes, qui ne représentent pas beaucoup de monde dans les faits", ajoute-t-il. "C'est une stratégie de communication qui n'est pas nouvelle mais se renforce".

Inconnu du grand public, le collectif Eros, qui défilera samedi à Paris lors de la Marche des fiertés, n'en est pas à son coup d'essai. Ce groupe, qui se présente comme "gay patriote" et entend lutter contre les "dérives LGBT et multiculturelles", s'était déjà invité à la "Pride" 2024.

Une dizaine de personnes avaient brandi des pancartes avant d'être repoussées par des manifestants. "Ce n'est que le début", avait prévenu Yohan Pawer, meneur du collectif et ex-candidat du parti d'Eric Zemmour. Sollicité par l'AFP, il n'a pas donné suite.

Depuis la dissolution en 2021 du groupe d'ultradroite Génération identitaire (GI), "le milieu identitaire a adopté une stratégie extrêmement souple, qui consiste à se mobiliser sous des formes nouvelles, a priori non risquées d'un point de vue juridique", analyse pour l'AFP Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.

"Plutôt que de militer dans une organisation centralisée et monothématique, sur l'immigration" et de risquer une nouvelle dissolution, "ils essayent de faire du bruit sur des causes a priori pas immédiatement associées aux idées qu'ils portent", décrypte-t-il.

Les méthodes d'Eros ressemblent à celles du collectif identitaire Nemesis. Le 8 mars, une cinquantaine de femmes de ce groupe présidé par Alice Cordier avaient défilé à l'écart du cortège parisien, lors de la Journée internationale des droits des femmes.

Des associations féministes et des syndicats avaient accusé Némésis de "bordéliser (les) manifestations". Des accusations reprises dans une tribune publiée mercredi par des militants LGBT+ qui reprochent à l'extrême droite de "s’approprier des espaces construits par et pour celles et ceux qu’elles ont toujours marginalisés — afin de les annihiler de l’intérieur".

"Détournement"

La présidente de Némésis affirme représenter des victimes "qui ne se sont pas senties écoutées quand elle ont été victimes de violences, par d'autres associations, sous réserve d'idéologie".

"Le féminisme a été pendant des dizaines d'années l'apanage de la gauche et la gauche ne se rend pas compte aujourd'hui qu'il y a des enjeux nouveaux, notamment au niveau de la question migratoire", dit Alice Cordier à l'AFP, déplorant que les membres du collectif se fassent "toujours frappées et agressées".

Tristan Boursier y voit "une rhétorique du retournement", commune aux collectifs identitaires, consistant à "retourner le sens du progressisme" en disant "que les vrais racistes sont les antiracistes, les vrais ennemis des femmes sont les féministes, etc." et "en se plaçant en victimes".

Il s'agit d'une "stratégie de détournement de mobilisation" doublée d'"une stratégie médiatique", abonde Jean-Yves Camus. "S'ils sont 10 ou 20, dans la multitude des personnes qui vont défiler, c'est une goutte d'eau" mais "le risque, c'est que soit accordée à ce collectif une attention disproportionnée par rapport à ce qu'il représente".

Or, ces groupes sont des "coquilles vides", selon Magali Della Sudda, chercheuse au CNRS. "C'est la réplique de la stratégie de la Manif pour tous: on crée des groupes qui ont une existence quasi-exclusivement virtuelle puis on les fait exister par le truchement de réseaux sociaux et de médias proches de ces sensibilités politiques."

"Leur stratégie consistait jusqu'à présent à entrer dans les cortèges de manière imprévue pour mettre en scène des altercations", ajoute-t-elle. "Aujourd'hui, ils annoncent en amont qu'ils vont venir de manière à ce que les médias, au lieu de se focaliser sur le contenu des revendications des organisations qui appellent à manifester, se focalisent sur leur venue."

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